Un prêtre vous parle : chuuuuttt !

Le silence. Pendant trente ans, Jésus s’est tu. Et même, ensuite, Il éprouve le besoin de se retirer à l’écart des foules. Pourtant, ce sont des bergers qui, les premiers, l’ont entendu à Noël.
A la messe du matin de Noël, nous entendrons proclamer les magnifiques versets du prologue de l’évangile de Jean. La Parole, nous dit l’évangile, s’est incarnée. « Le Verbe s’est fait chair et il a demeuré parmi nous » (Jn 1, 14). Curieusement, cela s’est réalisé dans la naissance d’un enfant. Etymologiquement, le mot « enfant » est issu d’une racine latine qui signifie « celui qui ne parle pas »… Celui qui, d’abord, ne sait pas parler, et qui souvent, ensuite, n’a pas droit à la parole, réservée aux « grand »’ ! Pourtant, c’est bien pour adresser aux hommes une Parole que Dieu a envoyé son Fils vivre au milieu d’eux.
Vie cachée
Mais voilà que la Parole incarnée commence par se taire ; quel paradoxe ! Pendant de longues années, la vie de Jésus restera cachée dans le silencieux anonymat de Nazareth. A douze ans, lorsqu’il quitte l’enfance, une seule parole du jeune Jésus sort du silence « Ne saviez-vous pas que c’est chez mon Père que je dois être ? » (Lc 2, 49). Voilà sa place, celle d’où il vient, celle où il va, celle où il nous veut avec lui. & &
Le silence. Pendant trente ans, Jésus s’est tu. Et même, ensuite, Il éprouve le besoin de se retirer à l’écart des foules. Pourtant, ce sont des bergers qui, les premiers, l’ont entendu à Noël.
En retrait
Au bout de trente ans, pour inaugurer son ministère public, Jésus éprouve le besoin de se retirer durant quarante jours, seul, dans le silence du désert. Par la suite, les évangélistes évoquent plusieurs de ces moments où Jésus se met à l’écart, loin des foules, pour prier. Et, c’est souvent après la traversée d’un temps de silence qu’il prononce la Parole qui libère, guérit, appelle, envoie… Tous ces silences nous parlent. Viendra enfin le moment où la Parole faite chair s’enfoncera dans le silence d’un grain de blé jeté en terre. Réduit au silence d’impuissance de la croix, le Verbe aura le dernier mot au matin de Pâques.
Rechercher le silence
Pas étonnant que dans la nuit étoilée de Bethléem, les bergers, qui sont souvent des taiseux, soient les premiers capables d’entendre les balbutiements du Verbe de Dieu venu rejoindre l’humanité en ce nourrisson si fragile. Alors, dans l’effervescence bruyante qui précède habituellement les fêtes de Noël, recherchons des lieux et des moments baignés de silence qui nous permettront d’entendre les pas de Celui qui vient. Le silence est une condition indispensable pour entendre ce que Dieu, Parole éternelle, veut nous dire.
Abbé Hervé Le Vézouët, Curé de Pléneuf, Erquy et Matignon
